Quand l'indicible démange..

C'est l'histoire de Claire,

Elle à 38 ans lorsqu'elle vient chercher de l'aide pour comprendre ""son" eczéma qui ne la laisse pas tranquille et s'exprimer entre les doigts de ses mains et dans les plis de l'aine.

Lorsque je la questionne sur l'apparition et les circonstances de ce symptôme , elle dit ne pas se souvenir vraiment, mais pourrait le situer entre 8 et 10 ans et dans un moment où avec ses frères et soeurs, elle s'est sentie rejetée, gardant ce ressenti d'être seule souvent.

Elle ajoute que sa mère aussi souffre d'eczéma sur différentes parties du corps...

Parlant de ses grand-parents maternels, elle se souvient de son grand-père décédé l'année dernière qui a créé un grand vide car elle trouvait du réconfort dans sa relation avec lui.

Sa grand-mère cherche souvent le conflit, c' est une femme irritable (!!!) dit Claire dans un élan soudain..

Je prête une oreille attentive à ses propos.. et la questionne sur ce qui énerve sa grand-mère selon elle ? y a t-il eu des évènements marquants dans l'histoire familiale ? Elle ne voit pas... mais.. se rappelle avoir entendu que sa grand-mère avait perdu une soeur jumelle à la naissance. Je note précieusement ce récit et lui propose une visualisation avec sa mère et sa grand-mère et la soeur jumelle.

Au sortir de l'exercice, elle dit se sentir soulagée.

Il faudra quelques séances pour ramener de l'ordre dans les places et libérer la parole enfermée, enclavée dans le corps maternel. Faire parler le symptôme, lui donner sa juste place.

Cette séance dans le processus de Claire amenait des clés importantes dans son travail de séparation avec l'histoire familiale et sa quête de réconciliation avec son corps.

On sait que l'eczéma est une inflammation qui touche la peau, interface entre l'intérieur et l'extérieur, qui parle du rejet avec le paradoxe de rechercher le toucher, le contact, le lien avec l'autre.

Ce manque douloureux logé dans les débuts de la vie de la grand-mère de Claire s'est traduit à travers sa fille (mère de Claire) par un comportement distant envers elle, et a créé chez Claire un manque d'amour, d'affection, une difficulté dans ses relations amoureuses et dans son rapport au corps.

Son récit illustrait tellement le lien manquant, interrompu ,qui a habité psychiquement sa grand-mère comme on le voit souvent dans la clinique du jumeau perdu. De plus, considérant le trauma de la perte dans les 1er âges de la vie, il n'y a pas de parole possible.

Tout y était pour travailler sur ce sujet : la localisation de l'eczéma aux mains (le toucher, la relation), dans les plis de l'aine (l'accouchement) , l'irritation de sa grand-mère et la distance affective de sa mère.

MaureenBoigen@tous droits réservés.