Lignes de failles dans les lignées de femmes
- Maureen BOIGEN
- 8 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin

Les lignées de femmes nous conduisent la plupart du temps vers les lignes de failles; des blessures invisibles à la parole muette.
Toutes générations confondues, les traumas restent semblables, ce qui change aujourd'hui, c'est dire, dénoncer, consulter des professionnels..
Les blessures invisibles des femmes sont des blessures invisibilisées avec des ramifications partout dans le monde. Ces blessures soustraites au regard social ont toutes un rapport avec la honte et la culpabilité.
Cela peut concerner les agressions physiques, sexuelles, les douleurs liées à la maternité, les deuils non faits, les abandons, les amours déçus, impossible, etc...
la honte est un sentiment qui ravage l'estime de soi, la dignité, la valeur personnelle, fait plonger dans le dégôut de soi, dans la croyance d'être moins que rien, d'avoir à se cacher, à disparaître des regards jugeants et moralisateurs. C'est un sentiment qui colle à la peau et ne se défait que progressivement en retrouvant de la sécurité dans le lien.
Mais quand le mal a été fait, que l'offense s'est incrustée dans la, les mémoires, il faudra quelques générations pour en soigner les conséquences.
Ces blessures ont créé des lignes de failles par le fait d'avoir été empêchées d'être dites, nommées, racontées. Une parole muette s'est transmise, une parole interdite parce qu'il fallait se taire, ou bien lorsque les mots ont franchi les lèvres, c'est la violence qui s'est révélée dans les accusations, le mensonge, le déni, en bref : la honte et la culpabilité se sont greffées au vécu du trauma.
Et il a bien fallu que nos mères, grand-mères trouvent des stratégies pour compenser les failles, pour rester debout et transmettre la vie à tout prix.
Certaines se sont repliées dans leur douleur en se coupant des autres, du monde; d'autres se sont soumises à leur destin, d'autres encore ont choisi la manière forte de prendre le dessus, d'autres aussi sont entrées dans des maladies physiques et/ou psychiques en lien avec leur trauma, certaines ont asséché leur coeur tandis que d'autres ont masqué leurs offenses, faisant comme si tout allait (très) bien et pleurant silencieusement le prix exorbitant de moments de liberté volés.
Ce tableau peut être transposé aux nombreuses générations qui nous ont précédées, et encore aujourd'hui, ces mémoires restent actives, les cicatrices des blessures ne sont pas refermées et à notre place de descendante, nous recevons ce leg inconsciemment la plupart du temps. Ce sont les symptômes physiques et/ou psychiques qui viennent alerter de ces transmissions invisibles.
Certains traumas restent enfouis dans des cryptes générationnelles, enfermés voire verrouillés. Il n'en restent que des expressions corporelles, émotionnelles, comportementales qui ont traversé le temps jusqu'à se loger dans les replis du présent de nos vies et créer des blocages pour se sentir libres..
Anetha, est dans un parcours PMA pour un 2ème enfant. Elle désespère de pouvoir être à nouveau mère et entreprend une démarche pour comprendre son histoire familiale et surtout les lignées féminines.
Celles-ci révèlent des lignes de failles qui s'originent dans une 1ère visibilité avec Madeleine, grand mère maternelle d'Anetha, issue d'une relation adultère. Non reconnue par son géniteur elle est abandonnée par sa mère a 2 ans qui la reprendra 7 ans plus tard et où elle sera mal accueillie par ses deux demi frères.
Madeleine, rencontre son futur mari qui partira à la guerre 2 ans plus tard, Madeleine est enceinte. Paul, son mari sera tué dans un bombardement. Elle se remariera 7 ans plus tard avec un homme blessé par la guerre, qui sera maltraitant envers sa femme et ses enfants.
Blanche, la fille de Madeleine et Paul se sauve de ce milieu familial conflictuel et incestueux et se lie avec un homme de 15 ans son ainé dont elle aura 2 enfants. Elle quitte son mari 7 ans plus tard pour suivre un amoureux qui la laissera désenchantée quelques mois après.
Blanche a des troubles bi-polaires et Anetha, enfant unique, gère avec difficultés la maladie de sa mère.
Sa grand-mère paternelle, Simone, est décédée quand Anetha avait 2 ans et n'a aucun souvenir de cette femme, veuve à 29 ans. Dans ce tableau généalogique, les femmes vivent des situations très instables et sont fragilisées psychiquement. Les filles sont malmenées et peu reconnues à leur place d'enfant et en tant que fille.
Le travail avec Anetha sera de remonter le fil des transmissions en s'attardant à chaque place pour en recueillir les impressions, ressentir ce qui a manqué et retisser du lien.
Après 6 séances, la relation avec sa mère s'est beaucoup améliorée et elle est plus confiante dans l'arrivée d'un futur enfant attendu autant par un frère ainé que par son compagnon.
Le travail continue...
La pratique avec les transmissions du féminin vise à rétablir, restaurer les failles des lignées de femmes , reprendre le fil de la vie et habiter sa vie , avec le support d'outils spécifiques à l'accompagnement des femmes.
MaureenBoigen@tous droits réservés
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